28 novembre 2012

Atelier du 27 novembre

Par Nicolas Sordello

Aujourd'hui j'ai décidé de commencer mon atelier avec un personnage invisible pour construire devant les enfants connectés mon personnage en rapport avec un thème choisi ensemble.

Je me connecte, Diamant Rose est là, elle se promène dans l'île en attendant la venue d'un de nous.
Nicolas : - "Voudrais-tu construire avec moi une belle et grande cuisine pour y inviter ensuite les autres avatars à se régaler?"
Diamant : - "Oh oui! mais ça va être difficile puisque tu es invisible".
Nicolas - "OK je vais me transformer en gros cuisinier, pendant ce temps fabrique une table".

5 minutes plus tard, je suis devenu un cuisinier, je fini ma toque et une grande planche verte designée par Diamant flotte devant moi. 
Lucile se connecte mais n'est pas à Lyon et Raphaël n'est pas disponible, il n'y aura pas d'autres enfants aujourd'hui donc tout pour Diamant.

Diamant : "C'est vrai que les sushi c'est la spécialité du Japon?"
N : - "Oui!, tu aimes ça?".
D : - "J'adore!!".

C'est parti je lui explique la recette des sushis en créant en 3D les ingrédients avec elle : 
D'abord un tas de riz : sphère peinte en blanc qu'on étire dans la longueur, un peu de relief en texture pour faire plus riz...
Le poisson ensuite, un cube, on change sa couleur, un peu de transparence, de la flexibilité ...
Le poisson sur le riz et voilà! "MIAM" dit-elle à chaque nouveau sushi créé. 
On continue avec les baguettes, le wasabi, la sauce... 

Pendant ce temps on discute du Japon, elle est très curieuse et m'avoue rêver de voyager à son tour.
Il est bientôt minuit chez moi, le décalage horaire l'intrigue.
D : - "Mais combien dure une journée si on se lève au Japon, arrive en France et se couche en Amérique dans la même journée?"
Je voyage sans ma maman ça l'impressionne.
D : - "Tu connais Raphaël?"
D : - "Tu es déjà allé en France?"

Lucile veut des makis. On agrandit la table, Diamant n'aime pas l'avocat, veut du saumon et les petits oeufs de poisson oranges.
Elle aime les brochettes aussi et veut en créer une aux boulettes de viande.

Bientôt tout est là! Je termine par un petit cours de langue en agrémentant toutes ces créations de leur nom en japonais.
Pour Diamant c'est l'heure d'aller goûter elle me demande de la retrouver ce soir et demain, 
me donne aussi son adresse pour quand je rentrerai en France.











20 novembre 2012

Atelier du 21 novembre

De Nicolas Sordello :

Je me connecte tard car à Tokyo il y avait la projection de mes films ce soir et je ne pouvais pas manquer la réception.
L'événement terminé, j'arrive sur la plateforme vers 23h30 il est 15h30 en France.

Je passe alors un moment avec Ophelia Smith 14 ans à Lyon, Lucile qui est dans sa chambre et Raphael depuis Paris. Nous discutons de vive voix lors d'une promenade dans l'île. 
Je parle faiblement car les murs de ma maison japonaise sont en bois très fin et chez moi tout le monde dort.
Nous proposons à Ophelia de lui faire découvrir les parcours de formation. Après quelques chute dans l'acide, beaucoup de glissades dans l'eau et quelques sculptures d'avatar!!(cf photo), nous terminons tous les parcours. Ophelia sait maintenant se déplacer, manipuler une caméra, modifier des blocs 3D. 
Nous visitons ensuite les classiques de cette année : le vaisseau et le circuit de voiture. 

Ophelia est un peu fatiguée, Lucile doit prendre son train, tout le monde se dit au revoir autour du bonhomme de neige punk fabriqué la semaine dernière avec Diamant Rose.








COMPTE-RENDU DE L'ATELIER DU 13 NOVEMBRE

Témoignage de Nicolas Sordello :

"Lorsque je me connecte à l'île je rencontre Diamant Bleu, la maman de Diamant Rose 9,5 ans qui est à Trousseau. Nous discutons un moment tous les deux jusqu'à ce que sa fille se connecte. Lucile depuis Lyon fait également son apparition sur la plateforme. Je passe un long moment avec Diamant Rose nous faisons une grande promenade à travers l'île de Fenêtre sur chambre. 
D'abord dans le vaisseau ou Diamant aime passer du temps. Je lui explique que j'ai créé ce lieu l'année dernière avec les élèves de 4e d'Aubervilliers. Je m'assoie sur un banc construit par un enfant de Lyon et qui flotte là au milieu des arbres et nous parlons de tout et de rien. Je lui raconte les débuts de fenêtre sur chambre, ma vie au Japon, ma rencontre avec Raphaël, elle me parle de sa santé, d'où elle voudra vivre plus tard, qu'elle rentre enfin chez elle après 2 mois passés en chambre stérile. 
Comme lorsqu'on gribouille au téléphone et aussi pour animer notre conversation je construis devant elle un bonhomme de neige. Cela lui donne envie de me commander un paire de rollers. Nous nous rendons alors au circuit d'auto tamponneuses où je transforme une voiture fraise en patins à roulettes. Quelques tours entre les glaces et les hamburgers du circuit et nous nous disons au revoir. Je lui souhaite de bien profiter du dehors."




Témoignage de Lucile Haute :


"Ce mardi, Oktay, Jean et Kalvin seront disponibles dans l'après-midi.
Ynes m'informe qu'aujourd'hui, son après-midi est déjà chargée et propose que l'on se voit plutôt la semaine prochaine. 
Ophélia est de retour à l'IHOP. Elle n'a pas rapporté sa première clef donc je lui en donne une nouvelle. 

Comme d'habitude, le début d'après-midi est assez chargé pour les enfants. Seul Oktay est disponible avant 16h. Mais comme il sait qu'il doit rentrer chez lui le jour-même, il n'est pas très intéressé pour passer du temps sur Fenêtre. 

Je quitte donc le service en attendant les rendez-vous fixés ce jour : Jean vers 16h, Kalvin vers 17h30. Hélas, Nicolas ne sera plus connecté à une heure aussi tardive (nous avons 8h de décalage). 

Entre temps, je rencontre les instituteurs de l'ESEN (Ecole Spécialisée des Enfants Malades) qui me parlent de leur mission d'accompagnement de la scolarisation des enfants dans les différents étapes de leur maladie. Je leur présente Fenêtre sur Chambre, en précisant qu'il s'agit d'un projets d'artistes et non d'un contenu pédagogique. Ils me parlent en retour d'un dispositif de visioconférence mis en place en région lyonnaise. De retour chez lui l'enfant suit la classe depuis sa chambre tandis qu'un ordinateur est installé dans la classe et le présente. Il reste ainsi en contact avec ses camarades malgré l'isolement dû à sa condition physique. 

Lorsque je remonte auprès des enfants, c'est finalement Kalvin qui est disponible en premier. Toujours plein d'enthousiasme et d'énergie, Kalvin m'accueille une seringue d'eau à la main... 
"Hum. L'eau et les ordinateurs, ça ne fait pas bon ménage Kalvin !" 
Pendant que je me prépare, il sort son ordinateur, l'installe et l'allume. 
Kalvin, m'ont dit ses grand-parents croisés plus tôt, a été ravi de discuter longuement avec Nicolas la semaine précédente. Et d'autant plus qu'il était au Japon ! Il y avait quelque chose de magique à visiter ensemble un espace tout en étant séparés par une telle distance. 
"Alors Kalvin, qu'as-tu construit avec Nicolas la semaine dernière ? Tu me fais visiter ?
- On n'a pas construit. Moi je veut fabriquer une ville. 
- Et si on commençait par une maison ? Où est-ce que tu voudrais l'installer ? 
- Sous l'eau !"
C'est parti. J'assiste Kalvin dans la découverte de l'outil de construction. Cela demande d'être précis et attentif. Nous nous installons sous l'eau et commençons par construire un mur, puis le dupliquer, déplacer, assembler... Au bout de quelques minutes, un volume apparait. Nous tentons de piéger Robot-Robot dans le volume mais celle-ci s'échappe. 
L'effort de concentration devenant fatiguant, Kalvin décide d'aller se promener. Comme il part en flèche et me sème, il me téléporte à plusieurs reprise pour que je le rejoigne. C'est vraiment l'aspect social qui lui plaît. 
"Et il n'y a pas d'autres enfants qui se connectent ? 
- Plus tôt aujourd'hui, si, il y avant du monde. Je dois aller présenter le projet à Jean, qui est deux murs derrière toi. Tu vas sur le circuit des fraises-tamponeuses et on te rejoint ?"
- Ok." 
Mais le temps de quitter la chambre, rejoindre Jean et me re-préparer, Kalvin s'est déconnecté. Nous aurons tout de même passé près d'une heure ensemble sur Fenêtre. Kalvin maitrise maintenant les outils de communication (texte et voix) et a découvert l'outil de construction. 

Jean créé son avatar : Jean Diabloxneuf. Nous commençons par la visite classique de l'île : téléport du point d'arrivée vers la place, visite du magasin. Nous en profitons pour voir comment changer l'apparence de l'avatar. Jean choisit le cotume de iron man disponible dans le magasin et le porte aussitôt, puis fait disparaitre l'avatar afin que ne soient visibles que les éléments de l'armure.
Nous continuons la visite : direction le circuit des strawberrycars-tamponeuses. Après quelques vols-planés depuis les rampes de lancement en chocolat, l'application quitte sans explication. Jean se reconnecte. Son ordinateur s'avère ne pas être assez puissant pour une navigation fluide. Je prend la main sur sa machine et... constate qu'il est vraiment motivé pour avoir pu arriver jusqu'ici ! Entre la limitation de l'ordinateur et l'absence de souris, Jean ne bénéficie pas de conditions idéales. Je lui propose de lui apporter un nouvel ordinateur la semaine suivante, l'un de ceux fournis par Art dans la Cité à l'IHOP. Nous continuons encore l'exploration quelques minutes mais vu les conditions techniques, je ne lui présente pas l'outil de construction."





8 novembre 2012

Compte rendu de l'atelier du 6 novembre

Par Raphaël Isdant


Aujourd'hui l'animatrice est absente : je me rends donc seul au salon des parents du premier étage afin de faire connaissance avec les familles et présenter brièvement le projet aux curieux qui observent la danse des avatars à travers la fenêtre virtuelle. J'apprends vite que la petite Adèle, 7 ans, est très motivée aujourd'hui pour découvrir notre monde virtuel, après la visite de sa famille à 16h.

Je sais aussi que Morgane m'attend : le personnel hospitalier semble au courant de ma visite et m'informe que la jeune fille parle sans cesse de ses futurs projets de création dans l'île.

Je me rends immédiatement au secteur protégé, après un passage dans le petit sas permettant de se changer. Je connais bien les lieux et me presse d’enfiler sur-chaussures et charlottes pour ne pas perdre le précieux temps de l’atelier. Le petit bout est accompagné de sa maman et elle ne se fait pas prier pour recevoir l’ordinateur ou est pré-installé le programme. Maman m'aide bien dans le nettoyage et le branchement de mon matériel, je m'installe donc sans trop de peine après avoir reproduit le protocole que je connais désormais, et découvre bientôt une surprise à côté de moi... Il s’agit de la carte d’un monde désigné par Morgane! Il est réalisé avec soin en plusieurs couleurs et sur plusieurs feuilles papier.

Le plan contient :

- Un restaurant Japonais qui vend des sushis (Un sérieux concurrent à la pizzeria qu'un autre enfant avait bâti au dernier étage de la "Tokyo Tower" au centre de l'île)

- Un restaurant américain, très connu des enfants pour ces petits jouets hauts en couleur accompagnant le menu (sans commentaire)

- Une bibliothèque (ça c'est une idée! Morgane n'a pu encore me citer la collection qui peuplera l'édifice mais nous y réfléchirons ensemble)

- La maison de Morgane et le réseau de route permettant de lier ces différents monuments, venus tout droit de l'imagination de la jeune fille.

- Une zone de jeu avec des balançoires et un toboggan!

Impressionné par l'implication de Morgane qui n’avait pu avoir qu'un « aperçu » de notre monde virtuel la semaine dernière à cause de la fatigue liés aux soins intensifs, nous nous mettons alors à la tâche. Il faudra d'abord créer son personnage qui portera le nom de Diamant Rose. Tout va alors très vite : nous discutons avec Ynes et Kalvin, Diamant rose fabrique rapidement un tremplin pour s’exercer à la conduite avec les voitures-fraises inventées par un jeune gourmand, nous faisons quelques pas de danse sur la piste sur une musique entrainante choisie par Kalvin, le robot que j'ai doté de la parole nous inonde de répliques plus ou moins étincelantes et voilà déjà plus d'une heure et demi passée ensemble. Entre temps nous avons reçu la visite IRL d'un monsieur qui nous a pris en photo, Morgane semble déja être la grande star dont elle rêve!

Il est déjà l'heure d'aller voir Adèle, car contrairement à son avatar, Morgane doit manger un bout mais elle ne veut pas se déconnecter, son avatar se met alors en veille et je lui dis donc à tout de suite par avatar interposé.

Je vais maintenant toquer à la porte de la chambre d'Adèle : sa maman m’accueille. Assez timide, la petite fille esquisse un « oui » un peu gêné en regardant sa maman qui lui répond d'un large sourire complice. Nous nous connectons assez vite, et voici déjà Adèle qui ajuste le maquillage de son avatar vêtu d'une robe bleu mi-longue, et une veste blanche serrée. Elle se pare aussi d'un magnifique petit sac à main beige trouvé au magasin d'accessoires, objet gratuits, certes, mais d'une grande finition !

Nous passons à la création d'une petite maison sur une colline qui connaîtra son succès auprès de quelques visiteurs inconnus.

La maman est intéressée par le projet et suit chaque action que nous faisons de près : chaque décision étant prise de concert par les deux dames après réflexion. La maman s'interroge alors :

« Je possède un ordinateur, mais c'est un mac... je pourrais me faire un avatar et retrouver Adèle également depuis la maison? »

« Bien sur, je vous donne la clé usb pour votre mac, vous savez comment faire maintenant ! »

En effet, en quelques secondes, maman nous rejoint dans l'île merveilleuse alors que la fillette lui donne à son tour quelques conseils pratiques sur une tenue vestimentaire appropriée pour être présentable à ses amis. Il est déjà 18h, il me faut vous quitter mesdames... la complicité de la mère et l'enfant est belle à voir : mon absence de la chambre se fera à peine sentir et je suis ravie pour elles !

La semaine prochaine, je viendrais vous visiter depuis Taïwan mesdames, ou je dois me rendre pour un travail. Ce monde virtuel me permet de garder le contact avec vous et je constaterais alors vos progrès vertigineux avec attention le mardi suivant !












Compte rendu de fenêtre le 6 novembre


Lucile, Lyon, le 6 novembre : Arrivée à l’IHOP, je commence par faire un tour des chambres, afin d’indiquer aux enfants et parents que je serais là cet après-midi. Le papa de Kalvin me dit que ce dernier semble s’être un peu ennuyé cette semaine. Il se souvient de m’avoir vue passé plusieurs fois la semaine précédente mais sans entrer. En effet, Kalvin recevait la visite de sa maman qui habite loin. Aujourd’hui, les grands parents sont là mais je suis invitée à venir tout de même. Le rendez-vous est pris pour le début d’après-midi. Ynes me demande de revenir, comme d’habitude, à 14h30. Elle me propose toujours le même horaire mais sans que celui-ci ne puisse jamais être respecté. :) Mardi dernier, après une laborieuse restauration de sa connexion Internet, au prix de trois allers-retours entre l’accueil (au rez-de-chaussée) et sa chambre, Oktay m’avait éconduite, préférant finalement la télévision à Fenêtre. En cette fin de matinée il reçoit la visite d’une « fée des bulles ». Je rencontre l’intervenante dans le sas d’accès au service et nous échangeons quelques mots. Elle connaît Oktay depuis longtemps. Il y a dans le service, un enfant que je ne connais pas : Nathanaël. Renseignements pris auprès de Julia, il est pille notre cible : 8 ans. Je vais donc lui présenter Fenêtre en début d’après midi. Sa maman m’informe qu’ils attendent tous deux confirmation de départ l’après-midi même. Elle m’en informe après le speech de présentation qui fait briller les yeux du jeune garçon. Qu’à cela ne tienne, nous procédons tout de même à une initiation. Nathanaël créé son avatar : "nathanael dragon".
« Comme tu vois, par défaut, tu est une fille en pyjama blanc. - C’est nul ! Comment on change ? »

Après une rapide personnalisation, nathanael dragon, en pull rouge et pantalon jaune, part visiter les alentours. Les exclamations fusent. Devant un tel enthousiasme et malgré son départ imminent, je confie une clef USB à la maman de Nathanaël, en espérant le voir revenir depuis chez lui. Un peu plus tard, dans le couloir, je les croise tandis qu’ils quittent l’IHOP, valise à la main.« A bientôt Nathanaël. Peut-être qu’on se reverra sur Fenêtre ? J’y suis tous les mardis. - D’accord. À bientôt. »

Quelques instant après, la maman de Jean vient me trouver. « Bonjour, on m’a dit que vous étiez la spécialiste en informatique et que vous rendiez visite aux enfants pour installer des choses pour eux. - Oui, en quelque sorte. Je leur présente Fenêtre sur Chambre, un projet de deux artistes, Raphaël et Nicolas. C’est un jeu sur lequel ils peuvent rencontrer les autres enfants du service mais aussi d’autres hôpitaux. Nous les aidons à construire leur maison, découvrir des mini-jeux qui y ont été réalisés pour eux comme des devinettes, des quêtes mais aussi des combats (c’est très demandé par les garçons). - Ha c’est très bien. Jean aime beaucoup l’informatique mais il n’arrive pas toujours à faire ce qu’il veut. Vous pourriez passer le voir ? - Avec plaisir. Je suis là tout l’après-midi. » Il est 13h50, pas encore l’heure de retrouver Ynes tandis que Kalvin reçoit ses grands-parents. Je lui fais un petit signe par la fenêtre, indiquant que je repasserais plus tard et vais faire connaissance avec Jean. Ce dernier est en pleine construction de l’Étoile Noire en Lego, excusez du peu ! Il est parfaitement ravi de la courte présentation de Fenêtre et m’indique où se trouve son ordinateur afin que je procède à l’installation. Étrangement, celui-ci n’est pas connecté au réseau wifi de l'IHOP. Heureusement, suite à la panne de mardi dernier, j’ai fait imprimer à l’accueil les accès pour chaque enfant sur le wifi des visiteurs. Ces fiches, laissées au bureau de Géraldine pour les enfants que je n’avais pas vu, ont visiblement été montées dans chaque chambre puisque Jean a la sienne. Connexion réussie, donc. Installation en deux clic et… c’est parti ? Pas tout à fait. Jean reçoit une transfusion. L’infirmière m’indique que c’est très rapide et m’invite à attendre mais Ynes et Kalvin attendent. Et la consigne du maximum de deux adultes par chambre est déjà largement dépassée. Je laisse donc l’ordinateur tout prêt : Fenêtre est lancée, attendant les trois informations : prénom, nom et not de passe, pour accéder à la plateforme. Lorsque je la rejoins, Ynes tisse attentivement un bracelet de perles à ses couleurs : violet et fuchsia. Tandis que je me prépare (blouse, masque, nettoyage des mains, nettoyage de mon ordinateur et du chargeur, gants), elle termine un rang de perles et range calmement le métier. Ynes est toujours très calme et attentive. Elle parle peu et pose des questions précises. C’est donc d’autant plus agréable de l’entendre rire lorsqu’elle vol-plane en voiture-fraise dans le circuit géant fraichement construit par Nicolas.
Suite aux nombreuses demandes des enfants, Nicolas a rétabli le script des véhicules. Ce ne fût pas une mince affaire nous dit-il dans un mail privé : la migration de la plateforme pour cette troisième année (sur un serveur plus puissant pour pouvoir accueillir plus d’enfants simultanément) a été accompagnée de modifications infimes mais invalidant de nombreux scripts d'animation. Il y est finalement parvenu et un circuit d’auto-tamponneuses planantes est maintenant accessible sur la plateforme.
Avant de venir jouer avec les véhicules, Ynes et moi sommes allées visiter l’animalerie des énigmes. Une étudiante de l’Université de Saint Étienne a constitué, au pied d’une tour très visible sur l’île, une collection d’animaux (glanés dans les bibliothèques web de modélisations gratuites) auxquels elle a ajouté une question. La phrase « En combien de temps la terre fait-elle le tour du soleil ? » flotte au-dessus d’un petit chien noir. Ynes s’approche, clique sur le chien qui répond dans le chat public. Les questions au contenu pédagogique sont mélangées aux devinettes de type « monsieur-madame ». Je vois passer l'information "Jean s'est déconnecté". Mince, entre les activités sur la plateforme, communication avec Nicolas et Raphaël, plus bien sûr la discussion avec Ynes, je n'avais pas vu qu'il s'était connecté et n'ai pas été l'accueillir comme il se doit... Ynes s’amuse bien avec sa voiture-fraise. Nous sommes rejointes par Raphaël et Diamant. J’en profite pour aller retrouver Kalvin et tenter de lui faire rencontrer Ynes. J’annonce à Kalvin la nouveauté du jour : lui qui a tant demandé à conduire les voitures, il devrait être ravi de ce circuit. Il ne répond pas tout de suite, assis sur le bord du lit en me tournant le dos pendant que le rituel d’accès se répète. Et alors que j'attache la blouse, une voiture téléguidée arrive à mes pieds ! « Ha dis donc, on dirait que tu aimes vraiment les voitures, toi ! » Nous ressortons l’ordinateur. Entre-temps, Ynes s’est déconnectée (Julia me dira qu’elle a reçu la visite de la sophrologue). J’emmène Kalvin dans l’animalerie des énigmes mais à la question du temps de rotation de la Terre autour du Soleil, il flaire un piège. Ce n’est pas l'heure de la leçon ! Définitivement en mode ludique, il s’envole comme une fusée. Qu’à cela ne tienne, allons jouer aux auto-tamponneuses. Il est certain que cela aura plus de succès. Et en effet, Kalvin rit aux éclats pendant les vol-planés permis par les rampes d’accélérations conçues par Nicolas. Un peu plus tard, un peu plus calme, Kalvin visite la maison sous la mer construite par l’avatar-poulpe d’une autre étudiante de Saint-Etienne. Cela lui donne envie de construire sa propre maison sous la mer.

Il est presque temps pour moi de quitter l’IHOP. Je règle quelques paramètres pour la communication vocale et laisse Kalvin, casque sur les oreilles, avec Nicolas. 30 minutes plus tard, alors que je suis à la gare, Raphaël m’informe que Kalvin est encore sur la plateforme.

Compte rendu de fenêtre le 6 novembre, Nicolas

Nicolas: Voici mon premier compte rendu Fenêtre sur Chambre 3. 
J'ai envie de partager un moment de création pré-atelier.

Il est 10h à Tokyo :
J'ai comme objectif de terminer à temps pour les ateliers mon circuit de "Strawberrycars tamponneuses". 
J'ai cette semaine entrepris à la demande des enfants de doter l'île de véhicules, chose devenue impossible depuis les dernières mises à jour de la plate forme. Après avoir fait tous les tests et lu toutes les docs techniques possibles j'identifie un problème : une latence incompressible dans les commandes de virage qui rend la conduite impossible dans le décor de fenêtre sur chambre.
Je décide de tenter de noyer ce délais de réaction par des facultés de glissades et une accélération très progressive du moteur. Un peu comme de la conduite sur glace. Cela nécessite un nouveau décor très spacieux dans lequel les véhicules pourront faire de grandes courbes amples. Je construis une immense arène circulaire à 300m d'altitude dans le ciel de fenêtre sur chambre et décide d'en faire un jeu de voitures tamponneuses. 
C'est jouable mais pas encore assez fun. Comment produire le plus de sensations de vitesse... je pose un motif sur la piste qui pourra défiler lorsqu'on avance et place le regard du conducteur près du sol avec juste un bout de capot visible à l'écran. 
ça commence à venir. Je travaille le son, le bruit du moteur varie maintenant en fonction de l’accélération et j'affiche la vitesse à l'écran (que je multiplie par 5 pour faire plus impressionnant).
J'en viens au design, il faut des formes simples pour ne pas charger trop le processeur et puisque cette année le thème c'est la cuisine, les voitures seront de grosses fraises qui font une fumée verte et qui évolueront dans un décor de confiseries. Je crée des tremplins en forme de tablettes de chocolat géantes et des gros hamburger, macarons, sucettes, glaces, cookies... construisent l'espace.

Il est 19h :
J'ai obtenu un jeu le plus fluide possible et des comportements maniables, ça ne concurrence pas la Playstation mais ça ressemble à un vrai jeu. Je fais une pause. Je rajouterai plus tard, des zones qui font perdre de la vie, des choses a récupérer en vol lors des saut, des objets physique dynamiques à renverser en fonçant dedans, baliser un vrai parcours avec un départ et une arrivée. 

Il est 21h :
Les ateliers commencent il est 13h en France. Mon avatar Takusan présente le circuit "Strawberrycars tamponneuses" à Raphael et Lucile qui y amènent les enfants. Tout le monde s'y amuse, je suis content. Cela donne envie aux enfants de créer à leur tour des formes pour alimenter le jeu. C'est le cas de Diamant qui est à Paris avec Raphael. Pendant les ateliers je dialogue beaucoup par la voix avec Kalvin 8,5 ans à Lyon, j'entends que des adultes lui expliquent qu'au moment où nous construisons ensemble une maison sous la mer de Fenêtre sur chambre, je suis à Tokyo.

Il est 3h00 :
Les ateliers sont terminés depuis 1h. Je vous envoie quelques photos.
Nicolas

Photos de l'atelier du 6 novembre

Strawberry car



Strawberry car



Strawberry car



Strawberry car



Devinette de Fanny



Diamant construit



Voici l'endroit préféré de Kalvin, jeune joueur de fenêtre sur chambre


6 novembre 2012

Atelier du 30 octobre 2012, Lucile, IHOP, Centre Léon Berard, Lyon

Ce mardi, après quelques incidents réseau et Oktay qui décline ma proposition, je passe beaucoup de temps auprès d'Ynes. Mission du jour : apprentissage de la modélisation sur la plateforme. À la question "comment construit-on des choses ?", Ynes sait désormais répondre ! Première étape : construction d'un banc. Dans un espace qui lui plaît tout particulièrement, peuplé de plantes et au sol de gazon, Ynes créé un simple cube. Grâce aux outils de construction, elle apprend rapidement à modifier la taille de l'objet, à l'étirer, le faire tourner, et même à en changer la couleur et la texture. Le plan horizontal terminé, nous passons aux pieds. Il s'agit de bien ajuster les différents éléments entre et cette précision sera plus longue à obtenir que la fabrication individuelle. Seconde étape : appropriation d'un espace. Chaque enfant peut construire sa maison, inventer des architectures défiant les lois de la physique... Ou s'installer dans l'un des espaces pré-construits par Nicolas. Juste à côté de la place centrale où coule une fontaine, se trouve un grand immeuble. Ynes opte pour l'appartement du dernier étage. Elle marque son territoire en installant d'emblée une petite toufe d'herbe à même le sol. Nous affichons ensemble un poster de Beyoncé au mur : le même que celui présent dans sa chambre de l'IHOP. Pendant l'après-midi, Raphaël nous rejoint avec 'Oasis' un jeune garçon de l'hôpital Trousseau de Paris. Nous faisons se rencontrer Oasis et Ynes. Oasis veut faire une bataille de tomates. Ynes continue de jouer la 'Tistou les pouces verts' et plante un buisson dans le canon à tomates ! Elle ne connait pas l'histoire de Tistou, un conte de Maurice Druon. Je lui retrace donc l'histoire de ce jeune garçon qui a la particularité de faire pousser des plantes partout où il apose le pouce... et tout particulièrement dans les armes construites par l'usine de son père ! Je ne sais pas à quel point l'histoire de Tistou séduit Ynes mais elle continue de déposer des plantes ici et là sur la plateforme. Un peu plus tard, nous rencontrons Samuel, un étudiant en Arts Plastiques de l'Université de Saint Étienne. Il vient faire quelques ajustements sur la partie qu'il a construite. Nous lui demandons donc de nous en faire faire une visite. C'est un espace pop et coloré, où sont disponibles des accessoires dont les enfants peuvent se doter et porter pour personnaliser leur avatar. Au sous-sol se trouve une serre-cave inondée envahie de plantes... Evidemment, Ynes en rajoute une à la collection !



























Atelier du 30 octobre 2012, Raphaël, Centre Léon Berard, Lyon


L'animatrice me conduit dans une petite salle ou sont entassés des habits de tous style: c'est la que je me changerais dorénavant tous les mardi. Il faut se déshabiller entièrement et ne garder que les sous-vêtements pour ensuite enfiler un pyjama de bloc à usage unique. J'enfile ensuite sur-chaussures, charlotte et masque et me voila fin prêt pour entrer dans le sas ou je me lave les mains soigneusement et les désinfectes avec l’alcool. Nous nous dirigeons maintenant dans des couloirs aérés ou de petits sas précèdent des chambres stériles. Nous faisons rapidement le tour des lieux, Ephraim, 12ans, est le premier enfant que nous visitons.

Scotché sur son ordinateur du matin au soir, il joue au même jeu en ligne "Dofus" depuis qu'il est arrivé. Après une courte présentation du projet, il n'est pas du tout intéressé. Créer son propre univers est bien trop long et fatiguant! il préfère consommer celui qu'on lui donne tout fait, c'est son choix et nous repartons. Nous proposons le projet à un petit garçon nommé Adel (9ans), qui est assis sur son lit crayon à la main, un bon point pour le coté créatif! En quelques phrases le projet l'intéresse et il est prêt pour démarrer l'aventure. Avant de commencer, nous tentons de prendre un rendez-vous avec une autre petite fille, Morgane, 7ans qui est allongée sur son lit dans une chambre isolée plus éloignée. Elle semble fragile et reliée à toute sortes de machines qui émettent sons et lumières. Elle ne parle que très peu, mais est très intéressée par le projet et souhaite construire des restaurants, des sushis et pleins d'autres choses encore! Le rendez-vous est pris: je passerais la voir après Adel.

Le premier Atelier avec Adel commence. Après re-nettoyage et désinfection des mains, nous devons stériliser tout mon matériel constitué d'un ordinateur, un mini-hub réseaux aimanté pour connecter nos deux machines (les chambres ne sont pas équipées en wifi ici), des câbles Ethernet et de clés contenant le programme pour accéder à la plate-forme virtuelle. Aidé de l'animatrice, je me glisse sous la bâche de plastique et enfile une blouse spéciale que je n'oublierais pas de laisser sous le flux avant de partir... "Pour entrer avec ton avatar dans ce monde, il faut lui donner un nom... tu as une idée?" "Oui" répond le jeune homme, apparemment très sur de lui. "Ce sera Oasis, comme ma boisson préférée" Et bien... voila un départ plutôt original et coloré ! (Le souvenir d'une bande son chanté par Carlos accompagnant la publicité de la marque résonne déja dans ma tête).
Oasis Sitasimao arrive donc en quelques secondes sur l'île virtuelle ou Lucile nous attends, ainsi qu'un curieux robot à la recherche du moindre avatar. Adel semble assez bien maîtriser l'outil pour se déplacer, il visite de lui même les environs alors que je finis à peine de m'installer. "Ah c'est toi déguisé en Astro boy? Comment je fais pour changer de personnage?" L'atelier de coiffure et stylisme peut donc commencer! Adel se débrouille très bien et j'ai à peine le temps de lui expliquer que les notions sont déjà intégrées. Il soigne son apparence qu'il souhaite conforme à son image de grand garçon de 9ans (...comme les 1m80 de son avatar bodybuildé...) "Attends, je vais te montrer quelques chose..." Le jeune homme sort un petit miroir de son lit pour se regarder, afin de se référer au meilleur modèle possible... La petite scène nous fait rire tous les deux, mais la concentration revient aussitôt sur son personnage qui avance plutôt vite: cheveux courts et noirs, peau plus foncée, pantalon noir serré et veste assortie: fini les pyjamas blancs de la chambre d’hôpital, Adel est presque prêt à sortir en boîte de nuit! L'heure est déjà dépassé, la pause pipi arrive... Il est temps d'aller voir Morgane. Je quitte donc la chambre du jeune homme mais Morgane reçoit actuellement des soins. Cela dur plus longtemps que prévu et je me reconnecte donc dans le couloir. Adel est toujours connecté, il rencontre l'avatar de Ynes, petite fille de 7ans qui est connectée à Lyon. Nous rencontrons aussi les étudiants de Lucile qui passent parfois enrichir la plate-forme avec des devinettes interactives et autres constructions. Le moment est intéressant, les échangent sont maintenant courant, Adel sait écrire et prend de plus en plus part au discussions. Il découvre aussi la communication vocale.
Morgane est enfin prête, mais les soins reçus ont été très intenses, la fillette à beaucoup pleuré et doit rester allongé impérativement. Le papa me fait signe de rentrer tout de même, il propose à sa fille que je repasse plutôt mardi prochain. Mais Morgane insiste malgré la douleur et la fatigue pour voir le projet. D'un commun accord, je reproduis le protocole d'hygiène habituel pour venir lui montrer le monde coloré qu'elle pourra rejoindre prochainement, et de chercher une place pour son futur restaurant. L'atelier ne pourra aller plus loin, Morgane lutte incommensurablement de ses petites mains qui tremblent sur mon clavier, il faut qu'elle se repose si elle veut que son restaurant puisse ouvrir et proposer de délicieux sushis... Malgré la forte volonté de la fillette qui lutte contre le sommeil et la douleur, le papa me fait signe de repasser la semaine prochaine. La scène est très émouvante, mais j'annonce d'un ton affirmé que je ne l'oublierais pas mardi prochain, c'est certain.

A l'heure ou j'écris ces ligne, il est 23h passé et je suis à mon domicile. Mon avatar est toujours connecté il a peuplé les fond marin d'une flore luxuriante et lumineuse. Adel vient de revenir sur la plate-forme de lui même, c'est une excellente nouvelle! Je propose donc un atelier supplémentaire ce soir qui durera plus d'une heure: nous avons vu un petit court métrage ensemble que j'ai projeté dans monde virtuel, il a appris à poser des formes primitives pour faire un château de sable, discuté de vive voix et nous avons même dansé ensemble...

Finalement les mondes virtuels permettent quand même de passer de bons moments et de partager de belles expériences!
Raphaël